Le Dernier Panache se déroule dans le Théâtre des Géants, une salle imaginée sur mesure qui est un concentré de technologie et d'innovation : avec sa tribune tournante, les spectateurs voyagent dans différents décors sur 360°, avec cet effet de travelling permanent qui accompagne cette histoire riche en émotions, on a le sentiment d'assister à un film! Les 6 espaces scéniques combinés à la projection en 4K font un excellent mariage, les décors se découvrent au passage des immenses rideaux motorisés, qu'est-ce que j'aurais aimé découvrir les coulisses de ce spectacle à la mécanique parfaitement huilé !
La façade du théâtre représente le logis de Fonteclose en Vendée, la demeure de François Athanase Charette de la Contrie que nous appellerons Charette pour plus de commodité.
L'intérieur est composé d'immenses couloirs décorés de tableaux consacrés aux grandes batailles navales de la fin du 18ème siècle.
youpie, il repleut!
De mémoire il y a 4 portes qui donnent accès aux gradins. Sans le savoir, on marche sur la scène de ce grand spectacle !



Autant la veille Marcel avait assisté au spectacle les yeux grand écarquillés, autant ce deuxième jour il a déclaré forfait !Un petit garçon coiffé d'un tricorne apparait sur scène (c'est le premier spectacle du parc à avoir des enfants comme acteurs), il tient dans ses mains une maquette d'une frégate, c'est Charette enfant. Son père lui prépare un avenir de garde-marine à Brest, il sera la fierté de sa famille. Le garçon cours en hurlant : "je veux pas être marin!"

Les murs du logis s'estompent peu à peu et on se retrouve en pleine mer, avec la large surface de projection l'effet est saisissant ! Nous nous retrouvons sur l'île de Saint Hélène en 1816 (les noms des lieux et les dates sont projetés, une bonne idée) face à une grande maison : le rideau s'entrouvre un peu et laisse apparaître 2 hommes dans un bureau, il s'agit de Napoléon et du comte de Las Cases. Napoléon lui demande d'écrire : "j'aurais voulu l'avoir à mes côtés, ce Charette !!". Il lui prédit une grande carrière mais Las Cases qui partageait sa chambre de garde-marine à Brest le qualifie plutôt de "dormeur".

Le rideau se ferme, la musique retentit (et quelle musique), on s'éloigne de l'île Sainte Hélène et dans un fondu, on se retrouve à Brest en 1782. On survole la ville, la mer, on rase les mats des bateaux et on se stabilise sur le port, face à un vaisseau qui s'apprête à lever l'ancre. Nous sommes face à la proue du bateau, le rideau s'ouvre et nous découvrons l'intérieur avec les marins qui s'activent à bord. Le quai est tout aussi animé et les véritables acteurs se mêlent aux villageois qui sont projetés, l'effet est saisissant !


Charette fait la sieste dans un hamac, on le voit rejoindre le troisième pont où il retrouve l'amiral de la Motte-Picquet. Puis il descend complètement le navire et manœuvre le cabestan pour lever l'ancre au rythme d'un violoniste enjoué et le vaisseau embarque pour la guerre d'Amérique.

Le rideau se ferme et on se retrouve en pleine tempête, pendant la bataille des Saintes où Charette s'y distinguera. Celui-ci se bat au sommet d'un mat, la manœuvre est périlleuse, les vagues sont immenses. Je suis loin d'être fan de cette scène qui est complètement dépendante de la lumière : en effet un voile transparent recouvre cette scène pour pouvoir y projeter des vagues mais hélas, je ne voyais que ça et j'avais énormément de mal à discerner ce qui se passait derrière, je voyais bien les acteurs se balancer sur le mat mais rien de bien visible.

Victorieux, Charette est promu lieutenant de vaisseau par le général Washington en 1787, à Brest. Sa devise sera: "Combattu souvent, battu parfois, abattu jamais !".

Débute alors ce somptueux bal où les dames arborent des vaisseaux lumineux en guise de coiffure, l'ensemble est magnifique mais la fête s'arrête subitement ! Les sans-culottes débarquent avec une guillotine, c'est le début de la Révolution Française, Charette décide de se retirer de la Marine.


1793, Paris, Convention Nationale, parmi le brouhaha des députés, visuellement et auditivement, on s'y croirait !

La terreur est inscrite à l'ordre du jour, les députés s'expriment à la tribune. Maximillien Robespierre redoute l'insurrection de Vendéens. Le rapporteur du comité Barère affirme d'un air sombre qu'il faut "dépleupler la Vendée" !

Vous n'avez pas compris grand chose? c'est normal, en Bourgogne je n'ai pas de souvenir qu'on enseignait la guerre de Vendée. Pour faire simple, peu après la Révolution Française, les Montagnards sous l'impulsion de Robespierre , instaurent une véritable dictature politique pour mener une guerre contre les ennemis de la Révolution, qu'ils soient aux frontières ou à l'intérieur du pays : c'est le régime de la Terreur.
Cette période se révèle très meurtrière : en effet sur de simples soupçons, les hypothétique ennemis de la République sont guillotinés à tour de bras. On dénombre 150 000 victimes rien que pour la guerre de Vendée.
A l'origine de cette guerre, le sort des paysans, très pauvres, qui ne s'est guère amélioré depuis 1789, et tend même à se dégrader. Des insurrections éclatent un peu partout en France mais plus particulièrement en Vendée, région fervente à la religion chrétienne et qui accueillait des prêtres réfractaires.
Fin de la parenthèse historique, je tiens à remercier Stéphane Bern pour son aide précieuse !
Ah si j'ouvre une seconde parenthèse pour faire un point sur le jeu des acteurs qui est ici assez caricatural : les députés prennent des airs de gros méchants sanguinaires, leur respiration est très lourde, le ton est très macabre.

1793 toujours, dans la cour du logis de Fonteclose. Charette a 30 ans et des paysans lui demande d'être leur général face aux armées de la Convention, ce qu'il acceptera. Ils sont accompagnés de Céleste Bulkeley, épouse d'un officier irlandais et tous deux engagés dans l'armée catholique et royale des Vendéens. La violoniste lui tend un panache qu'elle a confectionnée pour son chapeau.


La petite armée s'enfonce dans le bocage vendéen : les acteurs marchent le long de la scène, les gradins tournent dans une parfaite synchronisation, le rideau de la scène précédente se ferme tandis que plus loin, s'ouvre la scène suivante. Cet effet travelling particulièrement maitrisé produit un effet saisissant !

La petite armée se met en planque afin de surprendre des bleus (surnom des défenseurs de la République) : le combat est bref et désemparé, ces derniers prennent la fuite !

La victoire est célébrée par la danse, au son des veuzes (cornemuses) et du claquement des sabots. En effet après chaque victoire, Charette avait pour habitude d'organiser un bal.
La fête est rapidement interrompue pour une messagère qui annonce que le bocage brûle : c'est l'oeuvre des colonnes infernales, un ensemble de 12 colonnes incendiaires qui avaient pour ordre d'exterminer tous les « brigands » ayant participé à la révolte, femmes et enfants inclus, de saisir les récoltes et les bestiaux et incendier les villages et les forêts.


Février 1994, Lucs-sur-Boulogne. Un massacre a eu lieu, seule une petite fille en a échappé, elle pleure au milieu des décombres d'une église. Les cendres tombent encore. Elle s'appelle Marie-Ange et elle a Charette ce qui s'est passé, il est horrifié et promet de s'occuper d'elle.


Mars 1796, Charette est entouré de ses derniers fidèles, au clair de lune et au bord de l'eau. Il annonce que demain sera sans doute leur dernier combat, ils sont cernés par les Bleus, et il leur propose de choisir de partir ou de rester. Certains hommes partent, Celeste Bulkeley déclare que les femmes resteront fidèles tant que le panache flottera.
Vous le voyez ce spectacle, c'est vraiment des montagnes russes émotionnelles !


Les derniers combattant se lèvent et se mettent à marcher dans un lent travelling. C'est l'une des scènes les plus éprouvantes du spectacle avec la scène suivante. Projetés sur l'immense rideau, des hommes et des femmes apparaissent, un coeur vendéen accroché à leur tunique, ils marchent en direction du public. Chaque apparition sera victime d'un coup de feu au coeur, s'écroulant aussi bien virtuellement sur le rideau que physiquement sur scène. C'est dur.


Puis Charette est blessé, arrêté et condamné à mort.

29 mars 1796, Nantes, un peloton de soldats est rassemblé pour l'exécution de Charette. Il refuse qu'on lui bande les yeux. Il demande même une dernière faveur au chef de peloton : " pouvez-vous m'accorder la grâce de commander le feu moi-même ?". Face à l'imminence de sa mort, Charette est déterminé.


Il indique sa poitrine : "c'est là qu'il faut tirer, c'est là qu'on frappe un brave ! ", les coups de feu pleuvent, il s'écroule à terre.
La guerre de Vendée prendra fin le 15 juillet.

Marie-Ange s'approche du corps inerte et récupère le panache, Céleste (et son violon) l'accompagne débute ainsi le grand travelling final, un retour sur les plus grands moments de la vie de Charette le tout accompagné d'une magnifique musique qui vous prend aux tripes ! (et que nous avons eu en tête pendant quelques jours encore)
Pour vous accompagner pour la lecture des ces quelques lignesOn quitte doucement Nantes pour rejoindre les rivages de l'Atlantique, Athanase enfant attend dans une barque. Marie-Ange lui apporte un panache car "seul un panache peut faire tourner le vent de l'Histoire" et les deux enfants quittent la terre ferme.

Retour à l'église des Lucs, on nous rappelle les conséquences terribles de cette guerre, les murs de rebattent sur les fidèles réunis.


Puis les hommes et les femmes accompagnent Céleste dans sa marche, nous revivons le bal de Brest brièvement pour terminer notre route sur le port de Brest avec l'intérieur du vaisseau, tous les acteurs sont figés et dans la salle de commandement, Athanase adulte et enfant se retrouvent, et là on se dit : "pouah qu'est-ce que c'est beau ! ... Toi aussi tu pleures ? "
