LE PARISIEN
Besson veut créer «Hollywood-sur-Seine»
Pour l\'instant, c\'est une immense centrale EDF désaffectée, en bord de Seine, à Saint-Denis. Demain, elle abritera sûrement des stars du cinéma, des touristes dans les coulisses, de grands écrans, des boutiques à la gloire des vedettes du box-office. Cette incroyable transformation a été imaginée par Luc Besson, réalisateur (le Grand Bleu, Nikita, le Cinquième Elément...) et producteur (la saga des Taxis, Yamakasi...) de succès au cinéma. Rien, à ce jour, n\'a vraiment été finalisé, le chèque n\'a pas encore été signé, mais ce rêve un peu fou existe bel et bien. Il y a deux semaines, l\'artiste-chef d\'entreprise a franchi (sans passer inaperçu) le pas de la porte de l\'hôtel de ville de la cité des Rois. Au maire communiste, Patrick Braouezec, le patron de la société Europa Corp. a exposé concrètement, dessins à l\'appui, son ambitieux projet. L\'édile lui a réservé un accueil favorable. Dans un premier temps, l\'énigmatique metteur en scène aurait l\'intention d\'aménager l\'ancienne centrale électrique en studios de cinéma. Mais à plus long terme, il souhaite offrir une dimension touristique à son idéé, à l\'image des studios Universal, à la fois parc d\'attractions consacré au 7e art et Mecque des tournages de films et de séries télé à Los Angeles. Le créateur aux cheveux en bataille miserait sur l\'accueil de plusieurs centaines de milliers de visiteurs par an. A \"Hollywood-sur-Seine\", le client découvrirait l\'envers du décor, les secrets de fabrication des films, avant d\'en visionner dans un petit multiplexe. Comme à Disneyland, un vaste choix de produits dérivés lui serait proposé.
Des télécabines au-dessus de la Seine
Luc Besson, décrit par les professionnels de la toile comme un «mégalo qui réussit, intraitable en affaires», voit grand, très grand. Il pourrait étendre son parc jusqu\'à l\'Ile-Saint-Denis, en construisant une passerelle ou un système de télécabines traversant le fleuve et rejoignant les anciens entrepôts géants du Printemps, propriétés aujourd\'hui du conseil général. «Avec Luc, rien n\'est impossible!», sourit-on aux studios Eclair d\'Epinay, dont le client numéro 1 est justement... Monsieur Besson. Lors de son entrevue avec Patrick Braouezec, le papa de «Jeanne d\'Arc» a demandé, en retour, quelques aménagements, comme la construction de parkings ou d\'une sortie d\'autoroute. Pour financer ses desseins, le célèbre entrepreneur s\'est allié à Tertial, filiale de la Caisse des dépôts. D\'importants frais de dépollution et de désamiantage sont prévus au chapitre des dépenses. Une promesse de vente avec le propriétaire de la «cathédrale industrielle» aurait déjà été signée. Pour l\'heure, les acteurs du projet refusent de s\'exprimer, tant qu\'ils sont, répètent-ils, en «négociations». «Je ne suis pas au courant», jure l\'une des assistantes de Besson. «Cela démarre à peine. On présentera une maquette dans deux ou trois mois. C\'est un projet industriel, qui n\'est pas délirant, mais au contraire, très mûri. On va d\'abord se concentrer sur les studios», consent à reconnaître Inès Reinmann, responsable de Tertial. Même Patrick Braouezec, d\'ordinaire grand communicateur, respecte à la lettre les consignes de confidentialité du cinéaste. Il n\'empêche, le secret «Besson» est devenu un secret de polichinelle qui fait grand bruit dans les cercles économiques de Seine-Saint-Denis.
Vincent Mongaillard
Le Parisien , vendredi 31 janvier 2003
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