(AOF) - EuroDisney a annoncé sans surprise une lourde perte, anticipée il y a tout juste un mois par un article du quotidien "Le Parisien". Les investisseurs qui espéraient obtenir enfin des informations sur le plan de refinancement de la dette du groupe dans le cadre de cette publication, affichent actuellement leur déception. Plusieurs interrogations relatives à la stratégie du groupe pour redresser le niveau de la fréquentation de son parc pèsent également sur le titre.
EuroDisney cède 1,89% à 0,52 euros vers 10h00.
EuroDisney SCA, la société d'exploitation de Disneyland Resort Paris, a annoncé ce matin, avant l'ouverture de la Bourse de Paris, ses résultats au titre de son exercice 2002/2003 clos fin septembre.
Le chiffre d'affaires est en baisse de 2,1% à 1,053 milliard d'euros compte tenu des "difficultés durables rencontrées par les industries du voyage et du tourisme en Europe, des mouvements sociaux et grèves intervenus en cours d'année en France ainsi que d'une conjoncture économique défavorable sur les principaux marchés du groupe".
En termes de rentabilité, la marge opérationnelle recule de 24,6% à 132,4 millions d'euros (-18,6% à 143 millions d'euros hors impact d'un changement comptable). La perte nette s'établit à 56 millions d'euros (45,4 millions d'euros en données corrigées) contre 33,1 millions d'euros un an plus tôt.
D'après le consensus établi par Bloomberg, les analystes tablaient en moyenne sur une perte de 57,2 millions d'euros. La perte publiée n'est pas une surprise puisqu'un article paru il y a tout juste un mois dans le quotidien 'Le Parisien', citant une étude interne à EuroDisney, faisait état qu'une perte nette 2003 de 58 MEUR. A cette époque, Fideuram Wargny qui tablait sur une perte de 37 MEUR, avait revu à la hausse celle-ci à 60 MEUR. Quelques jours plus tard, la société avait d'ailleurs confirmé que les éléments cités par le journal provenaient d'une étude interne mais que ces derniers n'avait pas encore été certifiés par les commissaires aux comptes.
Aujourd'hui, le groupe exlique que l'accroissement de cette perte traduit un chiffre d'affaires décevant, des charges d'exploitation directes en hausse en raison d'une année complète d'exploitation du parc Walt Disney Studios et la progression des dépenses média durant le premier semestre, partiellement compensés par la baisse des redevances de licence et de la rémunération du gérant suite à la renonciation par The Walt Disney Company pour les trois derniers trimestres de l'exercice 2003.
Plus précisément, en 2002/2003, le nombre de visiteurs des parcs à thème a diminué de 5,3% à 12,4 millions. Les dépenses par visiteurs ont toutefois augmenté de 1,5% à 40,7 euros. Le taux d'occupation des hôtels est passé quant à lui de 88,2% en 2001/2002 à 85,1% en 2002/2003, mais les dépenses totales par chambres ont progressé de 4,8% à 183,5 euros.
Rappelons que le 3 novembre dernier, le groupe a obtenu de ses prêteurs une renonciation, valable jusqu'au 31 mars 2004, à certains de ses engagements bancaires, incluant une réduction de certains dépôts de garantie. Cette annonce faisait suite à la sonnette d'alarme tirée au mois d'août par EuroDisney en se déclarant incapable d'honorer les échéances de sa dette.
Le groupe précise dans son communiqué de presse que "l'objectif de cet accord est de donner à la direction, aux prêteurs et à The Walt Disney Company (TWDC) le temps de trouver une solution à la situation financière du groupe. Le groupe a préparé ses états financiers pour l'exercice 2003 en faisant l'hypothèse que ces négociations aboutiraient favorablement. Si une solution n'était pas trouvée à l'expiration de cette période, la renonciation prendrait fin et la direction estime que le groupe ne serait plus alors en mesure d'honorer l'ensemble de ses obligations liées au service de la dette.".
Par ailleurs, EuroDisney a annoncé ce matin que The Walt Disney Company a accepté d'accorder au groupe une nouvelle ligne de crédit subordonnée de 45 millions d'euros pouvant être tirée jusqu'au 31 mars 2004, mais seulement après tirage complet de la ligne de crédit actuelle de 167,7 millions d'euros consentie par TWDC. Si des montants étaient tirés sur cette nouvelle ligne de crédit, leur remboursement serait conditionné à l'atteinte par le groupe de certains ratios financiers ou au remboursement préalable aux prêteurs de la totalité de la dette existante du groupe.
Au-delà de la renégociation financière, Fideuram Wargny a indiqué fin octobre, suite à un entretien privé avec le groupe, que le management doit à présent trouver une solution opérationnelle pour stimuler les ventes rapidement de façon que la société retrouve rapidement une génération de cash suffisante à couvrir progressivement le remboursement de sa dette. Pour ce bureau d'étude, le problème d'Euro Disney provient de la faiblesse de la rentabilité de ses actifs économiques que la société a probablement payé trop cher pour être rentabilisés compte tenu des différences entre les marchés français et américain du loisir. "Augmenter les ventes passe selon nous par un repositionnement du second parc et par un changement dans la politique marketing. [span style=\'color:red\']La société nous a également annoncé vouloir changer radicalement sa communication en révisant la politique tarifaire et en ciblant les ménages qui ne sont encore jamais venus", [/span]avait expliqué fin octobre l'analyste de Fideuram Wargny.
Le manque d'informations relatives à l'avancée des négociations par rapport au refinancement de sa dette a déçu les investisseurs qui sentent par ailleurs que le parc à thèmes doit également faire face à des problèmes plus profonds liés à la baisse de la fréquentation et à la rentabilité du dernier parc Walt Disney Studios.
EuroDisney cède actuellement 1,89% à 3,52 euros. Il affiche néanmoins une progression de 48,5% depuis son plus bas historique atteint le 31 mars à 0,35 euro.
(L.G.)
(AOF) EN SAVOIR PLUS
ACTIVITE DE LA SOCIETE
Euro Disney exerce son activité dans deux principaux domaines : l'exploitation d'une destination touristique (Parcs à thèmes, hôtels, centres de congrès, lieux de restauration, boutiques) et la mise en place d'équipements et d'aménagements tertiaires sur le site du Val d'Europe. 40% de la clientèle est francilienne.
FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR
Les points forts de la valeur
- Le parc d'attractions Disneyland Paris est la première destination touristique en France et en Europe.
- Euro Disney bénéficie du soutien de sa maison mère, the Walt Disney Company.
- Depuis le début de l'année 2003, le groupe a ouvert 3 hôtels et a inauguré une résidence de tourisme Pierre et Vacances (290 appartements). Rappelons que le taux d'occupation était de 88% sur l'exercice 2002-2003.
Les points faibles de la valeur
- Le parc dédié au cinéma Walt Disney Studios, qui a ouvert ses portes en mars 2002, n'a pas rencontré le succès escompté, d'autant qu'il comporte moins d'attractions (9) que le parc principal (42), alors que l'entrée est commercialisée au même prix.
- Le groupe doit verser une part importante de ses revenus à la maison mère, sous forme de redevances. Elles représentent la rémunération du gérant et les redevances de licences. Toutefois, le mode de paiement a été aménagé pour 2003 et 2004, Euro Disney ayant la possibilité de payer ces royalties annuellement et non plus trimestriellement, à la période de son choix.
- Le groupe souffre d'un endettement très élevé. Plusieurs rumeurs sur un possible plan de refinancement ont circulé depuis le mois d'août. Le prince al Walid bin Talal, deuxième actionnaire du groupe avec 16,3% du capital, pourrait apporter son aide.
- Euro Disney ne verse aucun dividende.