Machines à Frissons

Démarré par ErYx, 15 Avril 2005, 11:27:16

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ErYx

Article de libération:

CitationDes plongées verticales à 200 km/h, des passages en apesanteur et des parcours imaginés par des ingénieurs sans doute sadiques, la nouvelle génération des attractions ne se fixe qu'une contrainte : faire toujours plus peur.

Par Bruno ICHER

vendredi 15 avril 2005 (Liberation - 06:00)




Après les fastueuses années 90, les fanatiques de grandes attractions craignaient la fin d'un âge d'or. Depuis deux ans, aucun monstre de métal n'est sorti de terre pour fournir aux «adrenalin junkies» leur dose d'émotion forte. Il faut dire que la période les avait gâtés puisque tous les grands parcs d'attractions s'étaient lancés dans une course frénétique aux records : le plus haut, le plus rapide, le plus terrifiant... Ces manèges, les Américains appellent des «roller coasters» (l'équivalent de nos montagnes russes) ou bien des «thrill rides» (littéralement «équipées à sensations fortes») voire des «scream machines» («machines à crier»).

Ces infrastructures complexes et bourrées de technologie n'ont que très peu à voir avec nos traditionnelles attractions, souvent vétustes et dont la sécurité n'est pas forcément le point fort au vu de la récente série noire : trois accidents en quinze jours dans des fêtes foraines françaises ont fait huit blessés. Mais il reste que pour s'offrir quelques secondes de panique euphorique, des milliers de fans n'hésitent pas à franchir frontières et océans.

Raffinement. En ce printemps, période traditionnelle de lancement des grandes attractions, la compétition redémarre en trombe avec quelques gros morceaux au programme. L'Europe est à l'honneur avec l'épouvantable Hurakan Condor de Port Aventura, près de Barcelone. L'engin est un mât de 100 mètres de haut autour duquel est accrochée une nacelle munie de sièges. Parvenue au sommet, la nacelle sera tout bêtement lâchée pour une chute de trois ou quatre secondes à plus de 110 km/h. A noter, un raffinement dans le cauchemar : trois catégories de sièges sont à disposition. Le premier, classique avec dossier droit, autant dire pour les lopettes. Le second, plus osé, est incliné pour accentuer l'effet de vitesse. Et le troisième, pour les solides à l'estomac étanche, avec les pieds dans le vide. Toutefois, l'essentiel de l'actualité du «thrill» est aux Etats-Unis avec, entre autres, l'Italian Job : Stunt Track (inspiré du film Braquage à l'italienne) au Paramount'Kings Island dans l'Ohio, qui enchaînera des vertigineuses cascades dans des wagons copiées sur les Mini Cooper du film ou encore le SheiKra au Busch Garden de Floride, qui combinera les sensations des roller coasters classiques à une arrivée à pleine vitesse dans un bassin rempli d'eau. Mais c'est vers le parc Six Flags de Jackson dans le New Jersey que convergent en ce moment tous les regards avides des accros. Pour la première fois, un wagon dépassera les 200 km/h dans une descente à la verticale de près de 130 mètres. Le Kingda Ka, conçu par la firme Intamin, bat tous les records, y compris celui de l'altitude, emmenant ses wagons à plus de 150 mètres.

Dans les grands parcs européens (notamment en Allemagne, comme l'Europa Park), asiatiques (au Japon mais aussi à Singapour ou à Hongkong avec l'ouverture en septembre d'un Disneyland) et, plus encore, américains, l'heure est depuis longtemps à la haute technologie et aux investissements de l'ordre de dix à vingt millions de dollars par attraction. Logique pour des machines construites à un seul exemplaire et répondant aux draconiennes conditions de sécurité pour convoyer entre 1 000 et 1 500 personnes à l'heure.

En dépit de cette nouvelle génération de machines infernales, les attractions des années 90 tiennent encore largement le coup. Par exemple, Superman The Escape au parc Six Flags Magic Mountain, en Californie. En moins de deux secondes, le wagon propulsé dans une ligne droite atteint les 160 km/h. Puis, brutalement, une montée verticale, interminable, pendant laquelle les passagers sont littéralement écrabouillés au fond de leur fauteuil. Cent vingt-six mètres et des poussières plus haut, le wagon achève sa course aux pieds de la statue de Superman et laisse les passagers pendant une ou deux secondes en apesanteur. Autre grand classique désormais, le «space shoot» dont le plus spectaculaire exemplaire a été construit à Las Vegas en 1997, au sommet de la Stratosphere Tower. Assis autour d'un immense anneau, les téméraires sont propulsés le long d'une rampe verticale qui les emmène à plus de 300 mètres d'altitude. Ils reçoivent la bagatelle de 4G sur les épaules avant d'entamer la descente.

Audaces combinées. Toutefois, la base du «thrill», le classique absolu, c'est le roller coaster dont les dimensions au cours des dix dernières années, ont pris des proportions pharaoniques. En 2000, le Steel Dragon de Nagashima bat tous les records : long de 2 479 mètres, il culmine à 97 m et balance ses wagons à plus de 150 km/h dans sa descente de près de 100 mètres. D'autres, comme le Top Thrill Dragster ou le Millenium, tous deux à Cedar Point, dans l'Ohio, le Goliath de Valencia en Californie, le Fuji-Q Island de Fujiyoshida au Japon ont multiplié et combiné les audaces : looping, boucles, tonneaux, inversions diverses et variées. En marge de ces records, des expériences carrément saugrenues ont vu le jour comme le fameux X du Six Flags Magic Mountain, il y a quatre ans. Ce manège délirant semblait figurer l'avenir du roller coaster, créant même une catégorie : «la 4e dimension». Un tracé dément sur un rail central auquel s'accroche de part et d'autre une série de sièges eux-mêmes montés sur des axes rotatifs. Mais, en plus des difficultés techniques, le coût de l'engin (plus de 20 millions de dollars) le mettait hors de portée de la plupart des parcs.

Pour l'instant, le territoire français reste relativement à l'écart de ces concentrations d'attractions. Sans doute parce que le succès des grands parcs à thème comme Disneyland Paris ou Astérix ainsi que la fréquentation toujours régulière des fêtes foraines à la papa constituent une concurrence rebutante. Une sorte d'injustice alors que les toutes premières montagnes russes de l'histoire furent construites en 1817 dans le parc de Belleville.
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Bonjour...  Je veux jouer à un jeu!!

Ma liste de Coasters ridés:  http://coaster-count.com/user/4974/ridden