Dominique Fallon a quitté la direction du parc ce jeudi 31 juillet après 39 ans de service ! C'est le plus ancien et un des membres fondateur de Walibi qui prend sa retraite.
Walibi ouvre en avril 1975. En juillet, Dominique Fallon débarque. Jeune marié, il s'est fraîchement installé à Limal avec son épouse, juste à côté du parc.
«J'ai toujours habité là. C'est devenu une seconde peau. Il y avait un bruit permanent dans le jardin et c'est vrai que parfois c'était un peu difficile de déconnecter. Quand il se passait un truc la nuit ou le soir à Walibi, c'est moi qui étais en seconde ligne. Un peu le concierge...»
Pourtant, après des études en sciences économiques et le service militaire, Dominique Fallon se voit déjà faire carrière dans une banque ou une grande institution. Sa rencontre avec Eddy Meeùs, le créateur de Walibi, va tout changer. «À l'époque, les copains ne me comprenaient pas. Ils me prenaient pour un fou. Les parcs d'attractions, ça n'existait pas en Belgique.»
Walibi a mis le temps à prendre la forme d'un parc d'attractions. Eddy Meeùs avait tout investi dans l'achat des terrains et, faute de moyens, décidé de faire venir des forains. La nouveauté? Un prix d'entrée unique. Même Disney aux USA fonctionnait avec des tickets à l'époque. «Les gens ne comprenaient pas cette formule. Je me souviens d'avoir dû me mettre devant les caisses avec Eddy Meeùs pour convaincre les gens.»
Pendant trois ou quatre ans, Walibi a été au bord de la faillite. Les premières attractions sont arrivées en 1978. Le parc s'étendant, les relations de Walibi avec son voisinage n'ont pas toujours été au beau fixe. Dans les années 80, il n'était pas rare que le parc soit conspué par ses voisins qui le rendaient responsable de tous leurs maux. Mais le succès est au rendez-vous.
En 1998, Eddy Meeùs décide de vendre Walibi aux Américains. «Il m'a alors confié: " J'ai fait une carrière exceptionnelle mais je ne crois pas que je le referais. Ça a été trop long et trop dur ".»
La famille Meeùs s'en va mais Dominique Fallon reste. À la direction, il est le lien avec la région et devient la mémoire de Walibi.
Le parc entre en bourse et c'est le boum. En trois ou quatre ans, on a racheté ou construit une dizaine de parcs en Europe. Le métier change, les Américains apportent leur culture et leur manière de gérer les affaires. «Après, ça a été les Anglais pendant deux ans, puis les Français de la Compagnie des Alpes depuis 2006. Je suis resté quarante ans dans cette même société mais j'ai changé de fonction plusieurs fois. Il a fallu s'adapter, je suis un véritable dinosaure.»
Dans les souvenirs de Dominique Fallon, il y a aussi l'échec du Vertigo. Un prototype, une attraction dont le fabricant autrichien n'a jamais réussi à résoudre les problèmes. «Il tombait à l'arrêt très souvent. C'est dommage car c'était une attraction très familiale. Il a fallu deux ans pour la construire, et puis elle a fonctionné cahin-caha pendant un an avant d'être démontée.»
Dans les moments plus difficiles, Dominique Fallon avait un secret pour se remonter le moral: «J'allais à 10hme poster 20 mètres après les grilles d'entrée. Alors je voyais environ 1 500 personnes qui attendaient l'ouverture, impatientes. Et puis je regardais ce moment magique et je me disais que oui, on vend du vent mais c'est du bonheur aussi...»
Aujourd'hui, les comptes sont bons, le parc se porte bien depuis l'été dernier. Dominique Fallon part le cœur léger en se disant que les gestionnaires actuels continueront à entretenir l'outil dans le respect de son identité et de son ancrage local.
Six petits-enfants l'attendent. Dominique Fallon avoue avoir une relation privilégiée avec eux. Normal. Qui ne rêverait pas d'un grand-père plongé dans le milieu des parcs d'attractions? «Je ne sais pas si j'aurai le privilège de l'accès gratuit au parc à vie, sourit-il, mais au pire, je connais bien les accès secrets.»
Et en parlant d'entrées secrètes, Dominique Fallon se remémore une anecdote qu'il livre après une brève hésitation: «C'était deux ans après l'ouverture de Walibi. Un vieux fermier qui habitait juste à côté du parc et faisait régulièrement le tour de sa propriété aperçoit trois enfants en train d'escalader la clôture pour essayer d'entrer ni vu ni connu. Il est rentré chez lui, s'est saisi de son fusil de chasse et il nous les a amenés à la caisse en les pointant. Les enfants sont arrivés les mains en l'air et le fermier nous a lancé: " Voilà, ils ne frauderont plus! " »
W.W (avec L'Avenir)