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[Olivier R.]

La première version d'Animagique était un spectacle hors-norme, d'une très grande qualité technique et visuelle. Cependant, elle n'aura pas fait long feu (dans mes souvenirs, dès novembre 2002 on avait la nouvelle version du spectacle)... Petit retour en arrière sur cette version 1 d'Animagique !


Le synopsis

Donald en quête d'inspiration...

Les visiteurs s'installent dans une salle de 1100 places. Le spectacle commence dans le décor des studios d'animation Disney, devant la porte des archives où sont conservés tous les dessins animés. Assis devant leur table à dessin, Mickey et Donald travaillent chacun sur un scénario. Mickey déborde d'idées alors que le pauvre Donald est en panne d'inspiration. Victime de l'angoisse de la page blanche, il n'arrive pas à imaginer le moindre gag, ni la moindre aventure digne d'intérêt...

Dès que Mickey s'en va, l'irascible Donald s'empare de la clé de la salle des archives, ouvre les boîtes des bobines de films... et libère ainsi les personnages les plus célèbres de l'univers Disney.

Un voyage mouvementé

Cette odyssée commence par l'apparition d'un bébé éléphant rose, tout droit sorti de la séquence du rêve de Dumbo. Le petit pachyderme happe Donald et l'entraîne dans le film. Le canard assiste au numéro musical de quatre éléphants roses, puis à l'apparition d'un "éléphant-ballon".

Donald est alors projeté dans Le Livre de la Jungle aux côtés de Roi Louie, de Balou et de ses singes en délire qui le poursuivent.

Dans la scène suivante, Donald nage comme il peut dans l'océan et retrouve Pinocchio et Jiminy Cricket pagayant sur un radeau. Ce répit est de courte durée car l'ombre immense de Monstro s'approche. En un instant, le petit groupe est aspiré dans le ventre de la baleine. Mais, Jiminy Cricket ne manque pas de ressources et aide Donald à s'en sortir.

Ses aventures continuent dans la savane africaine, parmi les personnages du film Le Roi Lion. Donald se retrouve au milieu des zèbres et des girafes, en compagnie de Nala, Simba et du babouin Rafiki. Le vieux singe se méprend et saisit Donald comme s'il était le nouveau-né de la famille royale. Le début d'un nouveau voyage.

Euréka !

Donald se retrouve enfin dans la salle des archives. Il referme la porte en hâte et s'assied à sa table à dessin comme si de rien n'était. Mais quelque chose a changé en lui ! Donald se rend compte que sa mésaventure lui a permis de trouver les idées du bouquet final d'Animagique.


Les coulisses

Animagique emploie une technique de manipulation d'origine japonaise appelée "Bunraku". Plusieurs manipulateurs animent des marionnettes de grande taille au moyen de tiges.
Ces tiges sont composées de fibres de carbone, un matériau résistant et léger. Elles permettent de manipuler des personnages de grande taille d'une seule main, avec une plus grande dextérité.

Le spectacle s'inspire également de la tradition du théâtre de lumière noire de Prague. Grâce aux éclairages fluorescents, les marionnettistes vêtus de noir sont invisibles tandis que les couleurs vives des personnages deviennent lumineuses. La perception habituelle de l'espace est modifiée et les marionnettes peuvent marcher, bondir, flotter et même voler au-dessus du public.

Les 17 manipulateurs d'Animagique ont subi un entraînement extrêmement poussé pour coordonner et synchroniser leurs gestes dans le noir absolu. Ils ont notamment suivi des cours de taï-chi pour affiner leur perception de l'espace.

La marionnette la plus sophistiquée du spectacle est celle de Donald. Elle est animée simultanément par quatre manipulateurs.

L'ensemble du spectacle Animagique est piloté par un ordinateur capable de gérer tout le spectacle : audio, lumière et machinerie, à la seconde prés ce qui permet d'obtenir la même précision qu'une attraction et de répéter le déroulé de chaque spectacle à l'identique 12 fois par jour.


Les films de référence (par ordre d'apparition dans le spectacle)

Dumbo (1941) réalisé par Ben Sharpsteen.
Le Livre de la Jungle (1967) réalisé par Wolfgang Reitherman.
Pinocchio (1940) réalisé par Ben Sharpsteen et Hamilton Luske.
Le Roi Lion (1994) réalisé par Roger Allens et Rob Minkoff.


Alors, pourquoi cette première version d'Animagique a-t-elle été si vite remplacée ? Il y a plusieurs raisons qui peuvent l'expliquer :

- Tout d'abord, de part son originalité extrême dans le fond et la forme, elle était très éloignée des attentes du public. La version 2 est beaucoup plus proche des dessins animés Disney, et remplacer la scène de Pinocchio par celle de La Petite Sirène n'était pas une mauvaise chose en soi car elle est très réussie. De plus, dans la version 1, il s'agissait de musiques originales, spécialement composées pour le show. Dans la version 2, on retrouve les thèmes des classiques présentés.

- Ensuite, il y a un aspect économique : la version 1 avait des coûts de fonctionnement très élevés, notamment à cause de la présence des 17 animateurs. La version actuelle a automatisé un maximum de marionnettes et d'effets. D'où des effets moins impressionnants et une perte de qualité artistique évidente. Avec cette baisse des coûts et des performers sur scène, les plus imposantes marionnettes sont passées à la trappe, et il n'y a plus autant d'interaction sur scène. Comparez par exemple les scènes où Donald découvre la salle des archives, ou celles de Dumbo et du Livre de la Jungle : vous verrez un nombre de performers bien moins importants, et donc beaucoup moins d'effets visuels sur scène et dans la salle. De plus, dans la version 1, il y avait des petits effets très sympa avec Donald : juste ses yeux qui brillent dans le noir quand il va du bureau à la salle des archives et vice-versa, mais aussi le fait qu'il disparaisse dans une bobine de film entre chaque scène.

- Enfin, il y avait aussi, apparemment, un problème de "santé publique". Bon, le terme est un peu lourd, c'est pour ça que j'ai utilisé des guillemets... Dans la première version d'Animagique, nous étions bien plus dans la pénombre que dans la version actuelle. Il y avait des effets stroboscopiques bien plus puissants. Les effets de lumière noire et light-show en général étaient bien plus impressionnants. Au final, il semble que cela causait de nombreux cas d'épilepsie pour les personnes sensibles. De plus, le spectacle semblait faire très peur aux jeunes enfants. Bref, tout le contraire du but recherché par Disney !


Au final, on peut dire qu'avec la première version d'Animagique, Disneyland Paris a voulu présenter au public un spectacle ambitieux, peut-être trop ambitieux ! Un spectacle destiné à un public plus adulte et plus mature (un peu comme le reste du parc à l'ouverture). Cette orientation du spectacle et du parc était une bonne chose pour nous autres les "grands". D'ailleurs, je suis l'un de ceux qui aimaient beaucoup le parc de 2002, pour son côté "mature" justement. D'un côté le Parc Disneyland et son monde du rêve et de l'imaginaire, de l'autre le Parc Walt Disney Studios avec son ambiance "studios" justement et donc adulte. Disney a préféré rectifier le tir, en proposant un parc plus "standard", plus familial, et donc plus proche de son public.


- Vidéo du spectacle complet de la première version d'Animagique -